Je vous propose de découvrir un entretien avec Luis Millán Vázquez de Miguel, Ministre du développement technologique et des infrastructures, Gouvernement Autonome d’Extremadur, lu sur le site novaforge.org

j’espère une piste pour nos élus...

Pourquoi votre gouvernement a-t-il décidé d’investir dans les technologies de l’information ?

Nous étions convaincus que les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC) donneraient au monde les moyens de faire les choses différemment. Et notre région se devait d’être dans cette mouvance technologique dès le début, avec la volonté inébranlable de ne laisser personne sur le chemin. Conçu dès le milieu des années 90 et lancé en 1999, notre projet stratégique d’accéder à la société de l’information couvre l’éducation, la santé, l’administration et la création de nouvelles entreprises technologiques. La région a commencé à s’équiper d’une infrastructure de communication puissante. Notre Intranet régional, qui peut supporter plus de 1 400 points d’accès répartis sur 338 villes et villages, a été le premier en Europe à couvrir tous les services publics d’une région (écoles, centres de soins, hôpitaux, services administratifs et ANPE).

Pourquoi avoir opté pour les logiciels libres ?

Notre gouvernement avait pu apprécier leurs avantages lors de la mise en œuvre du Réseau Education. Très vite les aspects égalité et liberté ont pris le pas sur les raisons économiques. Le succès de notre projet dépendait des logiciels utilisés. Avec les logiciels libres, nous gardions le contrôle et tous nos concitoyens pouvaient y accéder facilement. Il était essentiel que le logiciel soit gratuit pour nos administrés, nos services publics et les PME. C’est ce qui a accéléré la création de GNU/LinEx. Légalement copiable et gratuit, il permet de surmonter les barrières économiques liées aux prix élevés des logiciels. Des entreprises ont très vite saisi les opportunités liées aux logiciels libres. L’indépendance et les économies sont très importantes pour les autorités locales. GNU/LinEX libère la créativité dans des conditions d’égalité et aide à réduire la fracture numérique grâce aussi à Extremadura qui traite le logiciel comme un savoir et investit dans des projets qui bénéficient à tous.

Comment avez-vous mis en œuvre vos projets ?

Nous avons d’abord déployé notre Réseau Education en équipant les écoles secondaires d’un PC pour deux élèves. En parallèle, le Plan d’Apprentissage aux Technologies était mis au point pour éduquer la population (personnes âgées, jeunes, femmes, professions libérales, étudiants, etc.) via 33 Nouveaux Centres du Savoir, quelque soit le lieu de vie ; une attention particulière était donnée aux personnes tard venues aux NTIC. Depuis 1999, 80% de nos concitoyens ont été formés, soit en ligne, soit sur site, favorisant l’intégration culturelle et sociale. Nous avons aussi des retombées très positives avec les élèves qui ont acquis un réel esprit d’équipe et de partage du savoir avec les logiciels libres.

Et pour les entreprises ?

Nous avons créé Vivernet, un incubateur de l’ère numérique. Conçu pour faciliter la création de nouvelles entreprises de la société de l’information, il fournit aux jeunes entrepreneurs les ressources pour mettre leurs idées en pratique. C’est aussi un outil pour accélérer la conversion des PME traditionnelles en leur montrant les nouvelles opportunités permises par les NTIC. Créé mi 2000, Vivernet a contribué au développement de sociétés informatiques, en leur fournissant du support et en les encourageant à coopérer avec nous. Vivernet a remporté deux prix internationaux et aidé plus de 50 entreprises.

Quelle est la prochaine étape ?

La coopération internationale. Nous avons déjà signé des accords avec des institutions de recherche internationales, des associations, des autorités locales, régionales, nationales dans des pays aussi divers que l’Argentine, le Brésil, la Colombie, l’Inde, la Malaisie, le Pérou et l’Uruguay, intéressés à partager notre expérience et à utiliser GNU/LinEx pour se propulser, ainsi que leurs citoyens et leurs entreprises, dans cette ère nouvelle.

Grâce aux fonds européens de cohésion économique et sociale, Extremadura a mis en œuvre plusieurs projets relatifs à l’éducation et aux sphères économique et sociale. L’objectif : permettre à la région d’être partie prenante de la révolution des technologies de l’information et du savoir. Ces projets, tous promoteurs des principes d’égalité et de liberté, constituent, grâce aux logiciels libres, un véritable levier au développement de la région. Ainsi, Extremadura peut voir l’avenir avec confiance quelque soient les changements induits par cette révolution dans les années à venir.

L’Extrémadure (en espagnol Extremadura) est l’une des 17 communautés autonomes d’Espagne. Située au sud-ouest du pays, elle partage ses frontières avec le Portugal, Castille-Léon, Castille-La Manche et l’Andalousie.En 2003 on y comptait 1.073.050 habitants, soit 2.6% de la population de l’Espagne.